« Mon travail, c’est ma façon de voir le monde, ma façon de vivre et d’exprimer mes sentiments. C’est aussi ma façon d’oublier les problèmes de la vie (…), mon inspiration est guidée par une force mystique et par ma volonté de représenter fièrement la communauté du Bel Air, ma culture, mon pays ».

David BOYER
Archives du Centre d’Art, propos recueilli d’une entrevue avec l’artiste, 11 octobre 2017

Cadet d’une famille de cinq enfants, David Boyer est né le 6 janvier 1976 au Bel-Air, (quartier de Port-au-Prince) au sein du  » lakou  » dirigé par le hougan Céus Saint-Louis dit Ti-Bout. Son fort intérêt pour la fabrication des drapeaux vaudous le pousse dès l’âge de douze ans, à travailler pour les ateliers de drapeaux vaudou des pionniers du genre comme Prospère Saint-Louis, fils et chef de l’atelier de Ti-Bout ou encore Luc Daniel Cédor, tous deux, officiants du vaudou. Il acquiert ainsi les bases de son art dans ce temple en commençant à faire de la tapisserie traditionnelle vaudou, en paillettes colorées.

En février 1989, alors qu’ils se rendent au marché Hyppolite pour acheter des matériels pour la confection de ses drapeaux vèvè, David Boyer et son ami Dubréus Lhérisson font la connaissance de Pierrot Barra, artiste et Hougan (prêtre vaudou). Aussitôt, une amitié artistique naît entre eux. Boyer commence à travailler en étroite collaboration avec Pierrot Barra et avec d’autres artistes et artisans de ce grand marché port-au-princien.

Avec Dubréus Lhérisson, ils développent une technique de vieillissement des drapeaux vaudous, noircis à la fumée de bois de pins, afin de répondre à la demande pressante de collectionneurs, à la recherche de pièces  » authentiquement anciennes « . Complémentaires dans leur pratique artistique, ils créent ensemble en 2008 l’atelier  »Kongo Lawouze, »une vitrine de leur production artistique, situé au Bel-Air.

Influencé par Barra, David Boyer s’émancipe des techniques de paillettes traditionnelles apprises chez Ti-Bout, et développe un style plus personnel. Ce style intègre de nouveaux matériaux. Il se lance dans la réalisation des pièces en trois dimensions en passant de la production artisanale à la création artistique puis diversifie sa création en combinant la technique du drapeau perlé à celle de récupération en utilisant des fourchettes, boutons, tessons de bouteille, de faïence et de morceaux de miroirs, cartes mères d’ordinateur, des chambres à air de voiture et de vélo, ainsi que de la tôle bosselée.

David Boyer est membre de la coordination des artistes et artisans du Bel-Air (CAABEL) qui a bénéficié en 2008 du projet  » leve figi bèlè  » mis en œuvre par la fondation AfricAmerica avec des fonds de la Coopération Canadienne.

Il expose pour la première fois à l’étranger en 2011, au Little Haïti Cultural Center, sous le commissariat d’Edouard Duval Carrié et de Mireille Gonzales. Il participe ensuite à d’autres expositions au Canada, en France, à Cuba et au Nouveau-Mexique, à l’International Act Folk Art Market en 2013 – 2014. Il continue à exposer dans divers espaces d’exposition en Haïti, notamment le Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH), les Ateliers Jérôme, le musée Georges Liautaud à Croix des Bouquets et à Kolektif 509.

Aujourd’hui, les œuvres de David Boyer figurent au sein de collections privées d’art haïtien (Monnin, Bourbon Lally, Bartoli, Marianne Lehmann, etc.). Il expose en permanence à son atelier Kongo Lawouze au Bel-Air.
David Boyer vit et travaille actuellement en Haïti.

Crédit Photo: Valérie BAERISWYL