2022 : Sur les traces des jeunes artistes du Centre d’Art

2022 a certainement été une année épouvantable pour les artistes du pays. Des jeunes plasticiens du Centre d’Art se sont, en revanche, forgés des « armes » pour surmonter les épreuves et garder la tête hors de l’eau. 

Haïti connaît différentes crises depuis plusieurs décennies. Celles-ci affectent profondément le fonctionnement du pays. 2022 n’a pas été des moindres. Le secteur artistique en a subi les conséquences de plein fouet. Les artistes, ceux en particulier qui vivent de leurs œuvres, arrivent difficilement à joindre les deux bouts. Le contexte est davantage pénible pour les artistes émergents.

Dans cette impérieuse vague, certains jeunes artistes ont choisi de se battre. Ils ont fait usage de leurs faibles moyens, ont saisi les moindres occasions pour progresser. Anaïse Hector, jeune peintre du Centre d’Art s’est distinguée cette année. Elle a mis son art au service de la cause des femmes. En aout 2022, par le biais du Centre d’Art, Nadine Louis, directrice exécutive de Toya (organisation féministe qui lutte pour le respect du droit des filles) lui a proposé de l’exposer à l’occasion du 15e anniversaire de l’institution. « Je lui ai envoyé tous mes tableaux. Elle avait une équipe pour sélectionner ceux qui seraient exposés », raconte l’artiste. « C’était une belle expérience. J’ai fait la connaissance d’une autre jeune artiste très talentueuse qui fait des dessins. J’en ‘ai profité pour agrandir mon réseau », ajoute-t-elle. 

Hector Anaïse a pris part aussi cette année à la 5e édition du festival féministe de Nègès Mawon. Le mardi 19 juillet ses œuvres ont été exposées à la restitution des ateliers artistiques organisés en amont du festival. « C’est vraiment génial de pouvoir apprendre d’autres femmes, notamment celles qui ont réussi dans le milieu. L’atelier avec Pascale était vraiment extraordinaire. J’ai beaucoup appris d’elle. Et des autres filles aussi », lâche Anaïse, mentionnant sa participation aux ateliers de gravure avec Mafalda Mondestin, de Batik avec Pascale Faublas.

Anaïse fréquente le Centre d’Art depuis 2018.  Elle y a fait ses premières armes. Et cette année encore, elle a profité des opportunités qui lui ont été offertes pour peaufiner sa dextérité artistique. « J’ai suivi des cours de dessin anatomique avec Réginald Giraud. Le Centre m’a choisi comme l’un des jeunes qui devaient participer aux ateliers qu’a organisés Lionel St Eloi dans le cadre de sa carte blanche. Il m’a initié à la technique du fer découpé », rapporte-t-elle.

Depuis son premier cours de dessin anatomique avec Pascale Monnin en 2016, le Centre d’Art observe la progression vertigineuse de Schneider L. Hilaire. En février 2022, à la suite de notre appel à propositions, il a soumis son projet artistique. Les jurés n’ont pas hésité à le retenir parmi les 7 autres projets qui devaient bénéficier d’une subvention pour leur réalisation. 

Schneider est l’un des premiers artistes à achever ses travaux. Il a réalisé 8 tableaux, tous peints à l’acrylique sur toile. « Chaque tableau est une configuration des liens entre les humains et les esprits », explique le peintre. « J’avais toujours envie de travailler sur des toiles de grandes dimensions, de présenter des tableaux sur des surfaces de 60/50 pouces. Ce programme m’a donné la chance de réaliser ce rêve », reconnaît-il. Ses œuvres réalisées à l’aide du financement obtenu, ont été exposées à la restitution-vente du mois de juillet 2022.

Le jeune plasticien était déterminé à ne laisser filer aucune occasion. A peine l’association Quatre chemins lance son appel à candidatures pour sa résidence de recherche artistique, qu’il a postulé. « J’avais remarqué l’annonce sur Facebook. Le thème m’avait interpelé. J’ai postulé. La résidence à durée un mois», fait-il savoir. « J’ai surtout voulu voir l’impact des mythes et des légendes sur le quotidien des Haïtiens qui habitent le long du littoral », précise-t-il. Schneider s’est rendu à Côtes-de-Fer pour sa résidence du 1er septembre au 2 octobre. 

Schneider expose, cette année, aux côtés de 3 autres jeunes artistes haïtiens à l’exposition virtuelle ‘’Rencontre des couleurs’’, réalisée par la Maison des passages, en France.  

Quant à Réginald Sénatus, ses aventures artistiques se sont déroulées sous d’autres cieux. Le jeune plasticien était en résidence artistique au Centre Intermonde en France du 3 Août au 26 Septembre 2022. Le 15 septembre 2022, il s’est rendu en Allemagne pour le vernissage de son exposition au Musée Gropuis Bau à Berlin qui s’achèvera en janvier 2023. L’institut Edna Manley Collège l’a accueilli en résidence artistique du 14 au 27 novembre 2022. « Ces différentes expériences artistiques me seront très utiles. J’ai découvert d’autres univers artistiques qui m’ont poussé à oser davantage », raconte Réginald. 

L’artiste est revenu sur la contribution du Centre d’Art dans cette aventure. « Il a soutenu mes applications pour les résidences, notamment par des lettres de recommandations », confie-t-il. Réginald Senatus commence à fréquenter le Centre d’Art depuis 2016. En 2018, il a commencé à prendre des cours. Il a aussi participé à des ateliers que des artistes qui ont bénéficié de cartes blanches du Centre organisaient. « Le rôle du Centre d’Art dans la construction de ma carrière artistique est inestimable », reconnaît le plasticien.