Ann kwape vyolans ak lakilti : lancement de la dernière phase du projet

Les artistes ont bénéficié d’un soutien financier pour créer des œuvres qui devraient être exposées lors d’une restitution prévue en août 2025.
Lancé en février 2025 par le Centre d’Art en partenariat avec Bureau de l’OEA en Haïti, la PADF et avec le soutien du gouvernement du Canada, , le projet Ann kwape vyolans ak lakilti entame sa dernière phase : la création artistique, accompagnée d’un appui financier direct. Cette étape marque une avancée majeure dans l’accompagnement des artistes touchés par la crise sécuritaire et économique.
Dans un contexte où de nombreux quartiers populaires, Bel-Air, Carrefour-Feuilles, Fort National, Grand-Rue, entre autres, ont été profondément marqués par la violence armée, le quotidien des artistes est devenu extrêmement précaire. Beaucoup ont dû fuir leur maison, abandonner leur atelier et tout recommencer à zéro.
Le Centre d’Art et ses partenaires ont ainsi souhaité offrir aux artistes non seulement les moyens de reprendre leur activité, mais aussi un espace pour retrouver du sens dans leur pratique, dans un environnement qui fragilise l’expression et l’imaginaire.
Plusieurs artistes ont déjà entamé leur processus de création. Farah Morilus, originaire de Bel-Air, confie s’être empressée de reprendre ses activités, portée par une envie longtemps enfouie.
« C’est une sensation incroyable de se reconnecter à la matière, aux fils, à l’acte même de créer. Honnêtement, je ne me souviens même plus de ma dernière œuvre. Dans notre réalité, notre premier réflexe, c’est de survivre. »
Aujourd’hui, elle travaille sur un tableau orné de paillettes. Créer est devenu pour elle une forme de thérapie.
« Je me sens revivre. Créer, aujourd’hui, c’est mon souffle. »
Mais d’autres artistes rencontrent encore des obstacles. Guerline, sculptrice venue de Croix-des-Bouquets, explique :
« Nous avons un problème en commun : la difficulté de trouver des “droumes”, ces fûts métalliques à partir desquels nous façonnons nos œuvres en tôle. Pour l’instant, on se serre les coudes pour trouver une alternative. »
Les œuvres créées dans le cadre de cette phase seront présentées au public lors d’une exposition-restitution prévue le 9 août 2025. Elle viendra clore un parcours de plusieurs mois, au cours duquel les artistes ont bénéficié d’ateliers de professionnalisation (gestion de carrière, montage de projet, archivage, etc.) ainsi que de tables rondes psychologiques, véritables espaces d’écoute et de libération de la parole.
La dernière phase du projet Ann kwape vyolans ak lakilti va bien au-delà d’un simple soutien logistique. Elle incarne un geste de confiance, un pari sur la résilience par l’art, et une opportunité de visibilité pour des artistes. À travers leurs œuvres, c’est une mémoire collective blessée, mais debout, qui reprend forme et couleurs.