Exposition de Shneider L. Hilaire à la galerie MAGNIN-A : rencontre avec la commissaire

Régine Cuzin lors du vernissage de l’exposition Vives du Centre d’Art. © Yves Osner Dorvil

La Galerie MAGNIN-A, célèbre pour ses expositions mettant en avant notamment des artistes africains contemporains, accueille actuellement une exposition captivante de l’artiste haïtien émergent, Shneider Léon Hilaire. Nous avons discuté avec la commissaire de l’exposition, qui partage son insight sur les origines de cette collaboration exceptionnelle et les détails fascinants du projet.

Le Centre d’Art : D’où provient l’idée d’exposer Shneider Léon Hilaire à la galerie MAGNIN-A ?

Régine Cuzin : J’ai eu cette idée parce que je connais bien André Magnin depuis de nombreuses années, que la galerie Magnin-A bénéficie d’une renommée dans le milieu de l’art, que son équipe est très professionnelle, que j’y vois toujours de très belles expositions, notamment d’artistes du continent africain, que la galerie est une plateforme de qualité pour les artistes et qu’elle offre un très bel espace de présentation pour les œuvres. 

CDA : Pourriez vous nous parler du synopsis du projet ? 

RC : Je ne connaissais pas le travail de Shneider Léon Hilaire, avant de le découvrir chez Allenby Augustin, en 2022, et il m’a tout de suite impacté. Depuis lors, je suivais les publications de Shneider sur les réseaux sociaux en me disant qu’il serait intéressant de présenter son travail à Paris, dans une bonne galerie. La galerie Magnin-A cherchait à s’ouvrir à des artistes de la Caraïbe et je ne voyais pas d’expositions monographiques de jeunes artistes contemporains haïtiens dans des galeries parisiennes. L’adhésion à cette proposition a été acquise quand j’ai montré les peintures de Shneider à André Magnin et à son équipe. Ils m’ont également fait confiance en raison de ma connaissance et de mon intérêt pour cette région avec laquelle je travaille depuis 30 ans maintenant. 

CDA : Pourriez-vous nous parler du thème de l’exposition et de sa conception globale ?

RC : Le thème de l’exposition a été définie en fonction des productions de l’artiste, des œuvres disponibles et de celles spécialement créées pour l’exposition. La conception globale a fait l’objet d’une concertation et d’une adhésion de tous les membres de la galerie, où toutes les décisions sont prises de manière collégiale.

CDA : Comment avez-vous envisagé la scénographie d’exposition ?

RC : La scénographie a été proposée par la galerie en fonction de la taille des œuvres et de la disposition des salles. Nous avons tous donné notre avis, selon les thématiques et les formats des tableaux, et fait éventuellement des propositions alternatives, que nous avons validées ensemble. 

CDA : Qu’est-ce qui suscite un intérêt particulier pour la création de Shneider Léon Hilaire ?

RC : L’intérêt particulier pour la création de Shneider Léon Hilaire est son talent, un univers pictural singulier et la formidable énergie que son travail dégage, qui met aussi en lumière l’incroyable créativité des artistes haïtiens, quel que soit le contexte actuel du pays dans lequel ils évoluent.

CDA : Comment percevez-vous la contribution de l’artiste à la scène artistique contemporaine ?

RC : Cette exposition est une contribution essentielle à la scène artistique contemporaine, parce qu’elle offre un nouveau regard de la jeune création, spécifiquement haïtienne, et qu’elle a reçu un accueil très positif des personnes qui sont venues en nombre découvrir le travail de Shneider Léon Hilaire lors du vernissage. Un public qui n’était d’ailleurs pas seulement constitué de personnes de la communauté haïtienne de Paris. L’exposition durant deux mois, d’autres personnes qui n’ont pu se déplacer vont très certainement venir la visiter.

CDA : Quelles sont vos réflexions sur l’avenir de l’artiste et son impact potentiel dans le monde de l’art ?

RC : Je n’ai pas d’inquiétude sur l’avenir de l’artiste, car Shneider Léon Hilaire a la tête sur les épaules et travaille beaucoup. Il a pu aussi se rendre compte que lorsqu’un artiste est respecté professionnellement, cela facilite grandement la collaboration et instaure la confiance nécessaire pour travailler harmonieusement. Je pense qu’un nouveau souffle est apporté à l’artiste avec cette exposition et la réception très positive des visiteurs ne peut que l’encourager à poursuivre son travail. Le temps nous dira ce qu’il en advient sur la scène artistique contemporaine ici.

CDA : Avez-vous travaillé en collaboration avec d’autres compétences dans le cadre de ce projet (scénographe, régisseur, conservateur) ?

RC : J’ai collaboré avec toutes les compétences de la galerie : les responsables de l’administration, des finances, des relations avec les collectionneurs, des relations avec la presse, de la communication, des prises de vues de l’exposition, de la régie des œuvres, de la mise sur châssis et des caisses américaines des œuvres, de la scénographie et de la logistique, et de l’accueil de l’artiste, qui venait pour la première fois à Paris.

CDA : Y a-t-il des partenariats spécifiques qui ont enrichi le processus de création de l’exposition ?

RC : Celui du Centre d’Art de Port-au-Prince, et plus particulièrement celui d’Allenby Augustin, qui était venu visiter la galerie et rencontrer André Magnin et son équipe.

CDA : Quels sont les éléments clés de la conception de l’exposition que vous espérez que le public remarquera ?

RC : Je pense que les éléments clés de l’exposition que le public va remarquer résident dans une nouvelle approche de la peinture et une autre alternative à la création haïtienne que l’on n’a pas l’habitude de voir en France. L’univers très particulier de l’artiste à travers les séries d’œuvres présentées apportent aussi des réponses aux questionnements sur la création contemporaine de la Caraïbe et particulièrement d’Haïti.

CDA : Y a-t-il un message spécifique que vous espérez transmettre avec cette exposition ?

RC : Celui qui consiste à dire que lorsqu’un artiste est talentueux et travailleur, la chance peut advenir que son travail soit remarqué et mis en valeur dans une galerie renommée. Shneider Léon Hilaire ayant été formé au Centre d’Art, il est très professionnel et a toujours été très réactif aux demandes que nous lui faisions. Ce fut un enchantement d’échanger et de collaborer avec lui, aussi bien pour moi que pour toutes les personnes qui travaillent à la galerie Magnin-A.