Première causerie sur l’atelier CDA 2023

© Charly Amazan

Le mardi 29 août, les peintres Bertho Jean Pierre, Jean Robert Alexis, l’architecte Akim Georges et le scénographe David Charlier ont conduit le public au cœur de l’atelier CDA 2023 qui a débuté le 1er mai.

Du 15 juillet au 31 août, la Maison Dufort a hébergé l’exposition d’une création commune. Cette œuvre de 13 artistes a été créée dans un atelier de résidence artistique d’une durée de 3 mois, sous la direction du peintre Mario Benjamin. La première causerie sur l’atelier CDA 2023, le mardi 29 août à la Maison Dufort, a été l’occasion pour quelques-uns de ces artistes d’aborder avec le public l’ambiance de création au sein de l’atelier. 

Bertho Jean Pierre, Jean Robert Alexis, Akim Georges et David Charlier qui ont constitué le panel s’accordent à admettre qu’au début, ils ont surfé sur une vague d’indécision. « Nous n’avions aucune directive au départ et peut-être même pendant une grande partie de l’atelier », a rapporté le scénographe David Chalier. « Nous ne savions pas ce que nous devions faire, quelle piste explorer, de manière générale, ni notre apport à la création. Rien, sinon nous étions convenus de faire de la violence la toile de fond de cette œuvre », a-t-il précisé. 

David Charlier à la première causerie sur l’atelier CDA 2023. © Charly Amazan

Akim Georges qui était chargé d’aménager le site de l’exposition a été lui aussi dans le flou total. « Il est vrai que je suis souvent confronté au syndrome de la page blanche au début d’un projet. Mais j’ai toujours eu un repère qu’il soit le site du travail, le budget du client… j’avais toujours eu quelque chose à laquelle m’accrocher », a confié l’architecte. 

Akim Georges et Jean Pierre Bertho lors d’une séance de l’atelier.

« J’avais eu beaucoup de prétentions avant de débuter dans l’atelier. Je les ai toutes perdues au fur et à mesure. Je me sentais dans un vide, sans un point de repère auquel m’accrocher », a ajouté Bertho Jean Pierre. « Cette incertitude était beaucoup plus prononcée pour les peintres qui étaient moins concernés par les nouveaux médias qui étaient le socle de l’atelier », a ajouté Jean Robert Alexis, lui aussi peintre.  

Mais selon les artistes, il faut mettre cette indécision sur le compte du directeur artistique, Mario Benjamin qui est un artiste spontané. « Il pouvait venir aujourd’hui et creuser une piste, et revenir le lendemain avec d’autres idées tout neuves », a plaisanté Jean Robert Alexis. 

« C’était la méthode de Mario pour parvenir à une création qui vient de l’âme des artistes, qui ne soit pas réfléchie mais spontanée », a analysé le scénographe David Charlier. Il a ajouté que Mario laissait nourrir en eux la frustration et l’engouement de créer. Il les a germés, les a nourris, a attendu qu’ils deviennent matures, puis leur a dicté ce qu’ils devaient faire. « Nous étions à deux semaines de l’échéance quand il m’a appelé et a dit : « Jean Robert va acheter de la craie. Quand je suis revenu, il m’a demandé d’improviser sur une surface de… J’ai hésité avant de lui demander ce qu’il voulait que je fasse. Il m’a dit qu’il veut que je fasse du Jean Robert Alexis, qu’il a déjà vu mes travaux et qu’il sait de quoi je suis capable. Au bout de 5 jours j’ai accouché le mural », a raconté le peintre. Autre le mural, Jean Robert a peint 12 autres tableaux. Ce sont des dessins réalisés sur des carton  Size 30×40 pouces avec des plumes, des feutres, de la peinture acrylique mat. 

Jean Robert Alexis réalisant son mural.

Bertho Jean pierre et David Charlier, ont eux aussi, réalisé leurs œuvres pendant les deux dernières semaines de l’atelier. La toile de Bertho, sur une surface de 100×100 pouces est exposée au rez-de-chaussée. Elle est faite avec de la peinture acrylique. tandis que les radiographies de David Charlier sont installées au premier étage.

David Charlier ajoutant les dernières touches dans ses radiographies.

Bertho Jean Pierre réalisant sa peinture qui a été exposée à la restitution-exposition de l’atelier CDA 2023.

Interrogé sur les activités réalisées pendant les deux premiers mois, le scénographe a révélé que Mario aimait leur immerger dans son univers artistique. « il nous faisait visualiser des photos et vidéos d’artistes haïtiens et étrangers, contemporains ou certains des siècles précédents », a-t-il détaillé. « Par cette procédure, estime David, il nous montrait des pistes qu’il pourrait exploiter et surtout des visuels et esthétiques qu’il ne souhaitait pas apparaître dans le rendu qu’il cherchait ».