Avec "Tête", le Centre d’Art immortalise l’art de Sébastien Jean au sein de sa collection permanente

Créée en 2020, l’année de son décès, « Tête » est la seule œuvre de Sébastien Jean à intégrer la collection permanente du Centre d’Art.
Les liens entre le Centre d’Art et Sébastien Jean se sont renforcés en 2019. Cette année, il a bénéficié d’une carte blanche, une opportunité qu’il a saisie pour réunir autour de lui un groupe de jeunes plasticiens au Centre d’Art. Ensemble, ils ont créé une œuvre collective intitulée « Le Figuier maudit ».
Sa disparition, survenue le 20 novembre 2020, a brutalement interrompu ce lien. Quelques jours avant son décès, le Centre d’Art venait tout juste d’acquérir l’une de ses peintures. « Tête » a été acquise le 14 octobre 2020.
« Tête » est une peinture de 75 x 50 pouces, réalisée à l’acrylique et au goudron sur toile. En janvier 2021, son intégration à la collection permanente a été validée par le Conseil scientifique. Elle demeure à ce jour l’unique toile de Sébastien Jean au sein de cette collection.
Parcours de Sébastien Jean
Né le 17 mars 1980 à Thomassin, en Haïti, Sébastien Jean était un peintre et sculpteur autodidacte. Encouragé dès l’enfance par sa mère, il commence à travailler divers matériaux dès l’âge de 13 ans, réalisant des objets d’artisanat, des gravures, des modelages et des dessins sur des tiges de bambou, une pratique qu’il poursuivra jusqu’à l’adolescence.
En 2000, une visite de l’exposition de l’artiste Barbara Prézeau Stephenson marque un tournant dans son parcours artistique. Il commence alors à créer des masques, des costumes et des décors de carnaval en collaboration avec des créateurs de mode et des chorégraphes. Son travail traduit souvent des déchirures intérieures, une représentation de ses propres tourments.
En 2001, il s’oriente vers l’art contemporain et expérimente l’usage de matériaux de récupération comme support. Il abandonne progressivement la peinture artisanale et, en 2004, il se consacre à la peinture sur toile de grand format. Il y associe du noir de fumée et des couleurs, conférant à ses œuvres un clair-obscur saisissant.
En 2006, un incendie ravage son atelier. Sébastien Jean parvient à sauver une partie de ses œuvres et se remet au travail, transfigurant certaines de ses toiles perdues dans le feu. Il développe alors un univers singulier peuplé de créatures hybrides, d’oiseaux de proie et de figures spectrales, une vision tourmentée du monde.
Le 4 décembre 2009, il expose pour la première fois en solo à l’Institut Français de Port-au-Prince, avec le soutien du plasticien Mario Benjamin. Ce dernier l’accompagne dans son parcours et lui fait découvrir des figures majeures de l’art moderne, comme Jackson Pollock, à travers des catalogues et des monographies. Grâce à lui, Sébastien Jean affine son style et trouve son expression personnelle.
Rapidement, il s’impose comme un artiste reconnu. Soutenu par des artistes établis et des amis, il attire l’attention des collectionneurs, séduits par son travail.
Une carrière à l’international
Dans les années 2010, la carrière de Sébastien Jean prend une envergure internationale. En novembre 2010, il participe à l’exposition Caribbean Vibrations au Musée du Montparnasse. Quelques semaines plus tard, il est invité à exposer en solo à la galerie Egrégore de Marmande, en France, pour l’inauguration de l’espace.
En avril 2011, il participe à l’exposition collective Haïti, Royaume de ce monde, un hommage à Jean-Michel Basquiat et Édouard Glissant, présenté à Paris par la Fondation Agnès b. Il expose ensuite à la 54e Biennale de Venise et à Miami.
En 2014, il est désigné Artiste de l’Année par l’association Gens de la Caraïbe. Cette même année, l’Institut Français de Port-au-Prince lui donne carte blanche, ce qui lui permet de réaliser une arche en feuilles de métal exposée dans les jardins de l’institution.
Après avoir participé à l’exposition Haïti, deux siècles de création artistique au Grand Palais (2014-2015) et à Illusions Troubles à la Maelle Galerie (Paris, 2015), Sébastien Jean poursuit son ascension et expose la même année à la Seven Gallery à Paris.
Il participe également à plusieurs résidences artistiques, notamment à l’Artocarpe en Guadeloupe, au Vieux Château et à la Cité des Arts à Paris, ainsi qu’à Limoges, en France.
Les œuvres de Sébastien Jean sont exposées en Haïti, en France et aux États-Unis, témoignant de l’empreinte indélébile qu’il laisse dans le monde de l’art contemporain.