«Les rencontres hybrides » : un atelier pour associer les créations plastiques et théâtrales en Haïti

Le Centre d’Art en partenariat avec l’Association 4 Chemins réalise, du 7 octobre au 25 novembre, « les rencontres hybrides », un atelier qui réunit des acteurs du secteur des arts vivants et arts plastiques.  Il est animé par la plasticienne, performeuse et scénographe Nathania Périclès.

Le Centre d’Art qui est une institution de promotion des arts visuels, est cependant un lieu de pratique des arts vivants. Il dispose son espace aux acteurs de ce secteur et accueille régulièrement des festivals théâtraux, des performances, des rencontres entre acteurs du secteur. Cette année, avec l’Association 4 Chemins, il accompagne Nathania Périclès dans sa volonté de créer un espace commun de création entre différents médiums confondus comme la danse, le théâtre, la performance, la photographie, les arts plastiques, la scénographie et la vidéographie. 

 « L’objectif, c’est de pousser les artistes qui participent à cette rencontre à trouver un langage commun entre ces différents mediums, mais aussi de créer des formes issues de rencontres. C’est une façon pour nous de questionner l’art et la relation qui existe entre les artistes issus des arts visuels en Haïti », a souligné la performeuse. « L’atelier sera aussi un espace de confrontation d’idées, d’échanges, de partage d’expérience, une manière de se retrouver et de confronter nos idées », a-t-elle ajouté. 

L’atelier regroupe 8 participants répartis en trois groupes. Chaque groupe réfléchit à un sujet, puis propose une idée de création. Ces créations sont par la suite discutées et commentées par tous les artistes de l’atelier. « Ensemble nous essayons de trouver une passerelle entre ces différentes propositions », a expliqué Nathania.

L’atelier regroupe deux plasticiens Jean Robert Alexis et John Woodly François ; une vidéaste, Sherlande Pierre; Un comédien qui est aussi metteur en scène, chorégraphe et danseur-performeur, Schneiderson René ; une photographe et disc-jockey, Stherlandy Simon ; le poète, performeur, metteur en scène et dramaturge, Kav-Alye Pierre ; le performeur, metteur en scène, l’écrivain et poète, Fevrier Gertrude-Hugh ; la comédienne, l’auteure et humouriste, Emmanuela Bazile. 

Que proposeront-ils comme création ?

 Il s’agit d’une création en série, qui sera représentée dans des lieux et moments différents, notamment à travers les réseaux sociaux, les locaux du Centre d’Art et bien d’autres endroits. Cette série abordera différents sujets autour du chaos que traverse le pays. 

« La création de l’œuvre finale de la série sera autour du célèbre peintre Préfète Duffaut et de son écriture picturale qui aborde les villes imaginaires à travers ses espaces géométriques ; ses montagnes colorées ; ses villages et la présence de cette Vierge qui se trouve dans la plupart de ses toiles. Nous partirons de l’œuvre de Préfète Duffaut pour proposer un espace performatif dans lequel nous ferons rencontrer l’expression de tous les artistes de ce projet. Cette notion de villes imaginaires est très importante pour nous car, en tant qu’artistes, nous imaginons tous et toutes une ville différente à travers nos créations. » 

« Nous créons et osons rêver, car notre imagination va au-delà de ce que l’on voit.  Il s’agira d’une proposition scénographique qui sera à l’image de ces dites « villes imaginaires » de l’urbanisme, et qui exprimera l’esthétique qu’inspire ce chaos. La ville qu’on imagine est aussi une ville qui nous permettrait de créer ensemble, librement, sans aucune contrainte, comme toutes celles que nous rencontrons aujourd’hui. Donc, nous parlerons de présence pour évoquer l’absence de ces artistes qui voudront être dans cette ville, de tous ceux et celles qui ont été contraints de partir ; une présence pour dire qu’on est témoin de ce temps ; une présence pour revendiquer notre place ; une présence pour dire qu’il y a une rencontre ; une présence pour parler des limites, des frontières, des voyages, de ces familles qui sont forcées de se déplacer en permanence dans cette ville », a expliqué Nathania Périclès.

L’atelier se déroule en deux étapes : la première est la phase de conceptualisation qui se déroule du 7 octobre au 04 novembre. Et puis vient la phase de création du 21 au 25 novembre.  Le 25 novembre, le Centre d’Art et l’Association 4 Chemins réaliseront une restitution pour présenter les créations des participants.

Nathania Périclès

Née à Port-au-Prince (Haïti), Nathania Périclès est scénographe,
comédienne, performeuse et plasticienne. Elle s’est fait connaître avec les
troupes de l’Université d’État d’Haïti où elle étudie l’anthropologie et la
sociologie. Plasticienne, elle présente par ailleurs des collections de vêtements. Elle a été l’une des lauréats dans le cadre du programme de résidence par « 4 chemins 2014», avec un projet qui s’intitule : ‘’Danser, dessiner fond-des-nègres, passage d’un roman à une ville ’’.

Nathania Périclès

Performeuse sur la trace dans le cadre de la première édition du festival graffiti
en Haïti, elle réalise une création avec l’équipe Scéno-urbains (ScU2) sur
l’enfermement et la prison des femmes dans les rues de Bas-peu-de-chose, au
festival Quatre Chemins à Port-au-Prince. Diplômée en 2016 à l’ENARTS en arts
plastiques, elle crée un espace qui donne la parole aux enfants à la radio-
télévision Pacific, à Pétion-ville. Elle réalise plusieurs ateliers dans le cadre du
programme « Théâtre dans les écoles » avec l’association 4 chemins. Elle expose
ses peintures à la Villa Kalewès ; à Fond-des-nègres ; au Bureau National
d’Ethnologie ; à Montréal et dans d’autres espaces en Haïti. Elle a obtenu le Prix scénographie 2021 à la Haute Ecole des Arts du Rhin (France).