Nanm a amusé un public totalement conquis

© Charly Amazan

Le groupe Nanm est jeune,mais assez mature pour bercer un public qu’il a assujetti à son rythme, ce samedi 29 juillet, à la Maison Dufort. 

Les activités de divertissement sont de plus en plus rares dans le pays, particulièrement dans la capitale. Le public s’arrache les moindres affiches. Nanm était l’un de ses rendez-vous à se mettre sous les dents. Encore que le groupe vodou vient à peine de sortir son premier album intitulé ‘’Travèse’’. Cet opus s’ajoute aux projets de musique vodou et traditionnelle. 

Ce samedi 29 juillet, le Centre d’Art, qui programme habituellement des concerts autour de ses expositions, a jeté sondévolu sur ce groupe jeune qui propose d’apporter au salon des Haïtiens des musiques de leurs cultures.

La Maison Dufort s’est remplie 30 minutes avant l’heure. Un public, composé en particulier de jeunes, attendait patiemment que le groupe se produise. De l’introduction jusqu’à la fin, Nanm a accaparé l’attention de ses sujets dans une ambiance de folie, dictant son rythme à une assistance qui se laisse faire, éprise et envoûtée par les la voix de Charlines Jean Gilles et de la guitare de Jimmy Kerby. Ils ont abaissé la température avec des musiques tels que « Rèn nan » et l’ontremonté avec d’autres comme « Li lè li tan ».

La majorité des chansons interprétées sont des adaptations de musiques classées dans le patrimoine culturel du vodou. Ils ont repris des titres comme « Kalfou danjere », « Depi m soti nan Ginen » …

« J’étais en classe terminale lorsque j’ai tant dansé de la musiques racine », se réjouit Claire Marie qui prépare son mémoire de sortie à l’Université Port-au-Prince. « Je n’ai pas pu assister à leur ventesignature au début de l’année. J’ai donc sauté sur l’occasion que m’offre le Centre. D’autant plus que je n’ai rien à payer », dit-elle, regardant sa cousine, souriante. « C’est pour la 3e fois que je les vois jouer », confie celle-ci. Je ne m’en lasse pas. Nous sommes d’une famille vaudou. Nous aimons les musiques racines et les chansons traditionnelles. Surtout avec la couleur moderne qu’ajoute Nanm », ajoute-elle. 

Richard (nom d’emprunt) est sorti pour changer d’air. Il se dit athée, mais il est « capable de danser sous n’importe quelle musique ». « Je sors pour rencontrer du monde. Prendre un bain de foule. Et ça fait du bien », confie-t-il. Il est venu avec deux amis. Ce sont eux qui l’ont invité. Ses amis sont des proches d’un des musiciens du groupe. Ils sont eux aussi musiciens. Ils sont là pour apprécier la performance musicale. « C’est toujours bon d’écouter quelque chose de nouveau. Cela vous aide à être beaucoup plus productif. Réadapter des musiques traditionnelles est un exercice compliqué.  Il faut du temps pour l’imposer à ceux qui le connaissaient dans leur première forme », analysent-ils. « Mais le résultat est très beau. Je leur souhaite du succès ».

Le Centre d’Art ne souhaite pas changer de rythme. Il a déjà programmé deux artistes du même courant pour ses deux prochains concerts. Erol Josué se produira le 19 août. James Germain le 2 septembre.