SIMON Josué

J’ai toujours aimé les espaces interdits. Et c’est justement pourquoi je peins des cimetières, des croix, des esprits. Je peins ma conscience malheureuse, mon angoisse, mon mal-être. Je crie ma douleur. Il y a toujours un environnement macabre… Je veux créer un art aussi puissant que la mort… Souvent les gens en voyant ma peinture crient : horrible… comme si la vie elle-même n’était pas horrible.

Josué SIMON, propos recueillis par Rodney SAINT-ÉLOI, 1992.

Josué Simon est né à Port-au-Prince le 5 février 1958. Dès l’âge de 13 ans, il gagne sa vie en exécutant des travaux d’aiguille sur canevas. Il fait ses études primaires chez Jacques Le Grand et ses études secondaires jusqu’à la troisième à Saint-Louis Roi de France qu’il abandonna pour s’enrôler comme soldat aux forces armées d’Haïti (F.A.D.H.) de 1976 à 1982.

Malmené par les mauvaises conditions matérielles, il émigre en Guyane Française où il travaille comme ouvrier du bâtiment de 1984 à 1986. De retour en Haïti, il se met au service des rapatriés de la Guyane à l’aéroport dans le cadre du programme du service œcuménique d’entraide. (S.O.E.).

Vers les années 1988, il entre au Centre d’Art et acquiert ses premières notions de dessins et de peintures avec le peintre Antonio Joseph. Depuis, il se lance avec passion dans la peinture participant l’année d’après avec cinq de ses tableaux à l’exposition organisée par la Fédération des Amis de la Nature au Centre d’Art. Il participe en février 1991 à la 211e exposition du Centre d’Art avec deux autres artistes, Clermond Julien et Jean Farel Leconte.

En mars 1991, Josué prend part avec 13 autres artistes au travail de la Fresque murale au Musée d’Art Haïtien du Collège St Pierre commandée par la Mairie de Port-au-Prince à l’occasion de la mort de l’artiste peintre Jean René Jérôme.

En mai de cette même année, son œuvre, ‘‘Mon cimetière’’ rentre dans la collection permanente du Musée du Panthéon National Haïtien à la suite de l’exposition « neuf artistes neufs » organisée par le directeur du musée Monsieur Gérald Alexis.

En Aout 1991, Josué Simon participe à l’exposition de la Fondation 92 au MUPANAH « Esclavage et Liberté ». En même temps, ses œuvres entrent dans des collections privées.

L’art de Simon rappelle un peu celui de Saint-Brice tant au niveau de la touche qu’à celui de ces visages à peine esquissés sur fonds mauve ou pastel. Les peintures de Simon n’expriment ni le beau, ni le bien. C’est une peinture dynamique qui jaillit de l’intérieur, à mi-chemin entre le réel et le surréel, une peinture faite de réminiscences, d’hallucinations. Je sens vivant des fois les esprits qui se présentent à mon environnement physique. Je ne fais que leur donner forme.

Dans ses œuvres, le peintre invente des cimetières avec des motifs tels, les croix, les hounforts, les loas. Tout cela exprimé avec des couleurs violentes ou obscures, des couleurs de printemps verts, de couchants rouges, couleurs violets mortuaires des guédés de novembre. Les couleurs délavées, le gris et le noir, le bleu pastel ou le rouge brun se mêlent de cet hymne de départ.

Josué Simon avait trouvé une passion, celle de peindre, une autre façon de vivre certainement et les quelques années qu’il a donné à l’art ont laissé une œuvre très forte, parfois triste, parfois tragique souvent révoltée.

Josué Simon est décédé le 3 février 1995.

 

 

EXPOSITIONS

COLLECTIVES

Année 2020

– 2020, 273e exposition du Centre d’Art, 75 ans de création plastique en Haïti, Le Centre d’Art, Port-au-Prince, Haïti.

 

Année 2010

– 2017,  Selected Artworks, exposition du Centre d’art pour l’Open Society Foundation, Maison Dufort, Port-au-Prince, Haïti.

 

Année 2000

– 2008, Mini-exposition de Simon Josué, Le Centre d’Art, Port-au-Prince, Haïti.

 

Années 1990

– 1994, Solidarite ak Simon Josué (Solidarité avec Simon Josué), Les Ateliers Jérôme, Port-au-Prince, Haïti.

– 1993, Exposition collective, Les ateliers Jean-René Jérôme, Port-au-Prince, Haïti.

– 1992, Le symbolisme de la croix, hommage à Georges LIAUTAUD, Musée d’art Haïtien du collège Saint-Pierre, Port-au-Prince, Haïti.

– 1992, Institut Français d’Haïti, Port-au-Prince, Haïti.

– 1992, Corps et Esprits, Les ateliers Jean-René Jérôme, Port-au-Prince, Haïti.

– 1991, Esclavage et Liberté, Fondation 92, MUPANAH, Port-au-Prince, Haïti.

– 1991, 211e exposition du Centre d’Art, 3 peintres qui donnent un nouveau visage à l’art spontané, Le Centre d’Art, Port-au-Prince, Haïti.

– 1990-1991, 9 artistes neufs, MUPANAH, Musée du Panthéon National Haïtien, Port-au-Prince, Haïti.

 

Années 1980

– 1989, Fédération des amis de la Nature (FAN), Le Centre d’Art, Port-au-Prince, Haïti.

– 1982, œuvres récentes de Simon JOSUE et Camille JEAN dit NASSON, Les ateliers Jean-René Jérôme, Port-au-Prince, Haïti.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

ARTICLES

– ALEXIS Gérald, L’abstraction en Haïti : des autodidactes dits « naïfs -primitifs » (II), Le Nouvelliste (Port-au-Prince), 12 décembre 2018.

– DOMERÇANT Dominique, Mémoire d’un peintre révolté, Le Nouvelliste (Port-au-Prince), 13 août 2008.

– FLORVIL Hugues, Où va la jeune peinture haïtienne ? Le Nouvelliste (Port-au-Prince), Février 1994.

– FLORVIL Hugues, Josué Simon : mémoire d’un lieu perdu. Le Nouvelliste (Port-au-Prince), Décembre 1992.

– LEE Hélène, Dans l’esprit vaudou. A paris, une exposition réunit les œuvres d’artistes haïtiens, en évitant le cliché « primitif ». Haïti, anges et démons. Jusqu’au 30 juin 2000 à la halle saint-pierre, paris XVIIIe ; 30 f, Libération, (France), 7 avril 2000.

– LES ATELIERS JEROME, La nouvelle peinture : aventure singulière ! Le nouvelliste (Port-au-Prince), décembre 1993.

– PERODIN-JERÔME Mireille, Une proposition de relecture de l’œuvre d’art haïtien, Le Nouvelliste (Port-au-Prince), Mai 1991.

– PERODIN-JERÔME Mireille, Deux modes de traduction de l’angoisse, exposition Corps et Esprits, Décembre 1992.

– R.S. Centre d’Art : une facture nouvelle, Le nouvelliste (Port-au-Prince), 1991.

– SAINT-ELOI Rodney, L’autre bout du miroir… en questionnant l’œuvre de Simon Josué et de Nasson, exposition Corps et Esprits, Décembre 1992.

– SIMON Josué, L’homme devant sa débâcle, Le Nouvelliste (Port-au-Prince), 2 décembre 1991.

 

WEBOGRAPHIE

– https://lenouvelliste.com/article/195730/labstraction-en-haiti-des-autodidactes-dits-naifs-primitifs-ii

– https://lenouvelliste.com/article/60894/memoire-dun-peintre-revolte

– https://next.liberation.fr/culture/2000/04/07/dans-l-esprit-vaudou-a-paris-une-exposition-reunit-les-oeuvres-d-artistes-haitiens-en-evitant-le-cli_323268

– https://repository.duke.edu/dc/radiohaiti/RL10059-CS-1262_02