Phalonne Pierre Louis a brillé à Montréal à l’occasion du mois de l’histoire des noirs.es

© Phalonne Pierre Louis

Huit ans après ses débuts au Centre d’Art, Phalonne Pierre Louis s’est illustrée lors de la célébration du Mois de l’Histoire des Noirs à Montréal, du 3 au 29 février 2024, au Théâtre Aux Écuries avec son projet photo documentaire « Sere Bouboun ».

La petite fille qui observait avec fascination les photographies capturées par son père dans son humble studio à Jean-Rabel, a présenté  son projet photo documentaire intitulé « Sere bouboun » aux Montréalais, sur la scène du Théâtre Aux Écuries durant tout le mois de février. C’est un bel accomplissement pour celle qui, depuis son enfance, observait le monde à travers son objectif.

Photo de Phalonne Pierre Louis tirée du projet photo documentaire « Sere Bouboun ». © Phalonne Pierre Louis

Les visiteurs de cette exposition, organisée dans le cadre de la célébration du Mois de l’Histoire des Noirs à Montréal, ont découvert des clichés illustrant la pratique du bain de vapeur vaginal (dlo cho) en Haïti. Cette tradition ancienne demande aux femmes qui viennent d’accoucher de s’asseoir sur une bassine d’eau chaude et de plantes médicinales, censée avoir pour vertu de resserrer et de stériliser leur sexe. « C’est un travail de documentation qui s’est étendu sur cinq années. Je l’ai commencé en 2018 et je l’ai achevé l’année dernière, avec le soutien du Fonds de la Photographie Émergente, dont j’ai été la lauréate en 2022 », a expliqué Phalonne Pierre Louis.

Phalonne a dû s’appuyer sur sa passion pour la photographie pour mener à terme ce projet. Car, les 5 dernières années ont été marquées par les épisodes de peyi lòk, la pandémie covid-19, l’insécurité, l’assassinat du président Jovenel Moïse…. des événements qui ont constitué de sérieux obstacles sur son chemin.

Cette passion pour la photographie, notamment documentaire, trouve son origine dans un cours de photographie offert par le Centre d’Art. Phalonne fait partie de la première génération de participants en photographie du Centre, qui a intégré ce cours à ses formations artistiques en 2016.

Avec la photographie, le Centre voulait spécifiquement initier les participants au langage critique de la photographie, stimuler leur réflexion créative et à concrétiser leurs idées. Dans le cadre de ce cours, les étudiants ont appris à se focaliser sur un projet à long terme ou une série de photographies, représentant leurs intérêts esthétiques et intellectuels. « Je dirais que ces formations ont contribué dans ma carrière professionnelle parce que c’est là que tout a commencé. Je pense surtout à la formation en photographie de Fotokonbit qui était abordée dans toute son intégralité. Ma passion pour le médium du documentaire est sortie de là en fait. J’ai donc choisi plus tard de me spécialiser dans la photographie documentaire et artistique », a -t-elle reconnu. 

Phalonne Pierre Louis et d’autre participants au cours de Storytelling du Centre d’Art. © Archive le Centre d’Art

Phalonne Pierre Louis a également suivi d’autres cours au Centre d’Art : le montage vidéo avec Stéphane Vernet en 2017, ainsi que l’atelier de Storytelling avec le Kolektif 2 Dimansyon (K2D) dirigé par Pierre Michel Jean. Ces ateliers l’ont mieux équipée pour sa carrière de photographe « dans un pays où, estime-t-elle, ‘il y a peu de gens qui évoluent dans ce domaine ». Elle remarque néanmoins une tendance intéressante au cours des dix dernières années, avec plus de demandes de services photographiques (mariages, reportages, commerciaux…), ce qui accroît la visibilité des travaux des photographes. « Malgré cela, il reste encore des initiatives à prendre et des efforts à faire pour réglementer le métier de la photographie en Haïti », souligne-t-elle.

Après cette exposition, Phalonne Pierre Louis travaillera sur un projet de photographie contemporaine abordant la thématique de la migration haïtienne au Canada. Elle prévoit de rencontrer cette large communauté haïtienne qui continue à émigrer massivement vers ce pays.