Restitution de l'atelier '' Les rencontres hybrides ''

Stherlandy Simon, photographe, participant à l’atelier « Les rencontres hybrides ». © Charly Amazan

Le samedi 25 novembre 2023, le Centre d’Art et le Festival Quatre Chemins ont réalisé la restitution de l’atelier « Les rencontres hybrides », qui a regroupé 8 participants de disciplines artistiques différentes, sous la direction artistique de la plasticienne et performeuse Nathania Periclès.

Photographes, performeurs, vidéastes, écrivains, plasticiens… les participants ont su transcender les frontières traditionnelles de leurs disciplines artistiques respectives pour proposer ainsi une œuvre hybride et novatrice. Cette création commune témoigne d’une diversité artistique remarquable. 

Le projet questionne énormément de sujets tels que le départ massifs des Haïtiens et Haïtiennes qui vident le pays, ainsi que ses conséquences. « Nous sommes partis du texte, Les Tyrannies de la visibilité, sous la direction de Nicole Aubert et Claudine Haroche, pour arriver au travail du peintre Préfète Duffaut qui parle de la notion des villes imaginaires. Nous avons voulu traduire ce chaos et ce désordre qui habite cette ville qui nous tient tant à cœur malgré tout », a tenté d’expliquer Nathania Periclès. 

Nathania Periclès performant lors de la restitution de l’atelier « Les rencontres hybrides ». © Charly Amazan

« Comment créer dans cette ville et comment le faire ensemble pendant que la plupart des artistes comme tous les gens de ce pays ne sont plus présents ? Comment être ensemble puisqu’on nous a toujours séparés ? Comment se réunir et réfléchir en collectif autour d’un seul et même sujet qui est : la création. Pourquoi faut-il être en collectif pour résister à ces absences pour ne pas sombrer dans l’oubli de ces artistes qui ont vécu dans cette ville et qui nous ont donné l’envie de créer à notre tour ? Aujourd’hui plus que jamais, il nous semble important d’être ensemble pour se supporter l’un l’autre, mais aussi pour ne pas oublier », a-t-elle souhaité.

Alors que, parallèlement à l’ère des réseaux sociaux, des blogs et d’Internet, la quête de visibilité semble être devenue une partie intégrante de notre existence moderne. Les participants ont questionné ses manifestations et les conséquences qu’elle peut avoir sur la société. Pourquoi ressentons-nous ce besoin de partager notre vie avec le monde ? Quel rôle la visibilité joue-t-elle dans la construction de notre identité et de notre place dans la société ? En explorant ces questions, ce projet cherche à décrypter les motivations sous-jacentes à cette quête de visibilité et à analyser comment elle influence notre manière de percevoir et d’interagir avec le monde qui nous entoure.

Ainsi nous avons délibérément choisi de créer des présences marquantes lors du lancement du Festival Quatre chemins. Ce choix s’est matérialisé à travers le port de masques symboliques, visant à représenter, d’une part, ces individus qui sont partis et, d’autre part, susciter une réflexion sur la question de la visibilité et à remettre en cause la nécessité inhérente de se montrer. 

Au cours de la résidence, les participants ont réalisé des vidéos devant certains lieux comme la Faculté des Sciences Humaines ; Eldorado ; le Centre d’Art et le REX Théâtre, des lieux qui incarnent pour eux des symboles de résistance et qui ont joué un rôle dans l’histoire qu’ils avaient voulu raconter à travers cette création.  Cette proposition est le travail de trois artistes : Kav-Alye Pierre, Nathania Périclès et Sherlande Pierre.  

La création est également composée d’une installation sur des barbelés. Elle a été proposée par trois artistes, et reflète leurs domaines artistiques respectifs : la photographie ; la vidéographie ; les arts plastiques et la performance. Ce projet porté par ces trois artistes, Jean Robert Alexis, Stherlandy Simon et Février Gertrude-HUGH, traite de leurs ressentis par rapport à la ville de Port-au-Prince, du pays en général et de la réalité du monde actuel. Ils ont choisi le barbelé comme objet parce qu’ils voulaient avant tout traduire les frontières, les absences de liberté, la violence, la guerre et les barrages qu’ils voient dans leurs espaces quotidiens.

© Charly Amazan

La dernière proposition questionne le déplacement, le voyage et la mort, d’où la présence de ce cercueil avec des ailes qui évoquent la mort de ces personnes qui laissent le pays et qu’ils pensent ne plus jamais revoir.  Pour ces artistes ces voyages et départ sont synonymes de mort dans leur entourage. Ils ont été touchés par le déplacement des gens originaires de tous les coins et recoins du pays. Il s’agit d’une proposition commune de Shneiderson René, de John Woodly François et d’Emmanuela Bazile.

© Charly Amazan

 La scénographie et la mise en scène ont été réalisées par Nathania Périclès avec le regard de tous les artistes du projet de Frantz Providence, le responsable technique du festival. Celui-ci s’est inspiré du travail de Préfète Duffaut, de ses peintures avec des formes géométriques et de la couleur bleue qui traduit la mer et le ciel qu’il a toujours peint. Le spectacle met en avant également deux personnages en rouge et une poule pour évoquer les autres formes de vie dans ce pays au-delà de la vie humaine, qui sont peu évoquées par manque d’intérêt.